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LE TOMBEAU DE MADAME DE STAEL. LES DISCOURS DE LA POSTERITE STAELIENNE EN FRANCE (1817-1850)
Préface de Florence Lotterie
TRIBOUILLARD STEPHANIE
De 1817 à 1850, une grande part de l'image de Mme de Staël et les principes critiques qui vont lui être appliqués pour presque un siècle se sont constitués : la reconnaissance de la postérité n'exclut ni la méprise ni le piège. Dès sa mort, déplorée comme une perte littéraire, Mme de Staël devient un enjeu idéologique avec la publication en 1818 des Considérations sur la Révolution française, testament politique. Alors que les éléments du débat romantique - qu'elle a en grande partie inauguré - entrent en coalescence, la génération 1820 réinvente la figure d'une muse romantique. On s'appuie de toute part sur la théoricienne du De l'Allemagne ; la figure de l'égérie de la liberté se trouve invoquée lors des grands moments de réaction politique. Le débat autour de la légitimité de la femme auteur reprend de plus belle après 1830, moment où, en parallèle, l'hégémonie du De l'Allemagne s'effrite: on commence à discuter un héritage. Mais, pour le pire et le meilleur, Mme de Staël entre dans l'Histoire, comme figure mythique de la salonnière. L'histoire romantique peut bien la bouder, minorer son rôle et sa pensée, l'histoire littéraire, de portraits en cours, érige un monument à sa mémoire de 1835 à 1850. Cependant, en devenant une figure institutionnalisée, un jalon de l'histoire littéraire, Mme de Staël n'entre-t-elle pas, d'une certaine manière, au purgatoire en tant qu'écrivain, qui pense bien mais écrit mal comme le dira Brunetière ? L'œuvre, de moins en moins lue, passe progressivement derrière le personnage. Le XIXe siècle, dans sa difficulté à appréhender l'écriture au féminin, notamment quand elle touche à la politique et aux idées, laisse une image contradictoire et incomplète de Mme de Staël.