LA LANCE QUI SAIGNE

Métatextes et hypertextes du Conte du Graal de Chrétien de Troyes

GUYENOT LAURENT


Le Conte du Graal est une oeuvre volontairement énigmatique.
Derrière la trame narrative arthurienne se cachent au moins deux discours cryptés ou «métatextes», assimilables respectivement à la «matière» et au « sens»: l’un émane d’un imaginaire archaïque de la mort encore vivace dans la culture chevaleresque; l’autre, qui répond au premier, reflète une christologie façonnée par la Croisade et le culte des Saintes Reliques. Au centre de cette polysémie, le Roi Pêcheur incarne
simultanément le père de Perceval tué déloyalement et handicapé dans l’Au-delà par ses blessures, et la figure familière du Christ ressuscité portant les stigmates de la Passion. C’est ainsi que, sous le signe ambivalent de la Lance qui saigne, Chrétien de Troyes détourne Perceval de la vengeance qui délivre le mort (selon un schéma légendaire très répandu), pour lui inspirer les questions qui mènent au salut. Quant à Gauvain, son périple au Château de la Merveille où résident ses ancêtres s’apparente à un véritable «Livre des morts» de la chevalerie.
Le décryptage de ces deux métatextes symétriques présuppose une familiarité avec les références culturelles du public originel de Chrétien, incluant évangiles apocryphes et voyages dans l’Autre Monde. Il est guidé dans le texte par un réseau d’allusions et de métaphores implicites, et par des liens analogiques ou spéculaires entre certains personnages du roman, ainsi qu’entre les quêtes respectives de Perceval et de Gauvin.
Cette thèse s’appuie, en amont, sur une analyse du Chevalier de la Charrette, bâti sur le même principe avec d’autres matériaux, en aval, sur une lecture des Continuations et autres «hypertextes» du Conte du Graal, dont les auteurs ont perpétué, avec plus ou moins de talent, l’inspiration et la technique de Chrétien, et parfois rendu explicite une part des contenus implicites de leur modèle.

Après une Grande École d’ingénieur, un Master en Études Bibliques et des travaux en anthropologie et histoire des religions, Laurent Guyénot a soutenu à Paris IV-Sorbonne une thèse en Études Médiévales sur l’univers féerique des lais et romans, remaniée sous le titre La Mort féerique. Anthropologie du merveilleux (Gallimard).




58,00 €

Fiche technique

Collection ESSAIS SUR MOYEN AGE
Format 15,5 X 23,5 CM
No dans la collection 0044
Nombre de volume 1
Nombre de pages 352
Type de reliure BROCHÉ
Date de publication 23/01/2014
Lieu d'édition PARIS
Indic. sur auteur original CHRETIEN DE TROYES
EAN13 9782745327932
eEAN13 -

Table des matières et extraits