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En vous souhaitant de très bonnes fêtes de fin d’année, et à très bientôt !
ISAAC DE LAPEYRÈRE 1596-1676 UN INTELLECTUEL SUR LES ROUTES DU MONDE
ODDOS JEAN-PAUL
Un homme toujours errant, sans attache, sans famille, écrivant au hasard des chevauchées et des veillées, n’ayant pour tout bagage que sa Bible, quelques vers de Virgile dans la tête, et une grande idée qui le fascine et l’obsède ; inscrit dans le tourbillon du siècle, familier du prince de Condé, mais mourant dans une petite chambre des Pères de l’Oratoire ; créant le scandale par deux ouvrages, et d’abord par celui où il imagine des hommes créés avant Adam, mais recueillant l’estime générale par ses Relations sur l’Islande et le Groenland, rééditées jusqu’à nos jours : voilà comment apparaît tout d’abord Isaac de Lapeyrère, et sa vie, comme son oeuvre, ne paraissent pas avoir moins dérouté ses contemporains que les historiens d’aujourd’hui. Le présent ouvrage essaie à la fois d’apporter le plus de lumière possible sur la vie de cet intellectuel vagabond et de proposer une lecture d’ensemble d’une oeuvre souvent masquée ou raturée au gré des contraintes ou des pressions politiques. Cette lecture veut mettre en avant trois «moteurs» fondamentaux de sa pensée : une imprégnation de la pensée religieuse juive, dont la marque est l’importance accordée à «l’élection »; une éducation au sein d’une communauté réformée à laquelle appartenait sa famille, dont le signe cette fois est l’attachement à la libre interprétation des textes et à l’indépendance religieuse; enfin une adhésion aux idées de ceux que l’on a nommés en France les «Politiques», pour qui, dans une nation, le lien politique doit se dégager du primat religieux, ce dernier n’engendrant que troubles et particularismes. Ce qui peut paraître étonnant à nos yeux d’aujourd’hui, c’est la coexistence de ces trois sources, et leurs interférences au sein d’une même pensée. À cela il convient d’ajouter un formidable appétit de savoir et une curiosité pour la diversité du monde, qui le rapprochèrent des cercles du « libertinage érudit », où il développa, au contact des Mersenne, Gassendi ou Pascal, cette élégance de la pensée et du style qui nous séduit encore.