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LA SUBSTANTIVISATION DE L'INFINITIF EN FRANCAIS : ETUDE HISTORIQUE
Engagée par une introduction substantielle qui rassemble les principaux paramètres à l'œuvre dans le processus de substantivation de l'infinitif, replacé en particulier dans l'ensemble typologique des langues romanes, pour aboutir à une grille d'analyse distinguant ses différents degrés, la présente étude, reposant sur un très large corpus d'exemples, en suit l'évolution dans l'histoire du français. En dehors d'un noyau d'infinitifs lexicalisés qui perdurent, pour l'essentiel, jusqu'à nos jours, l'ancienne langue française substantive facilement les infinitifs, pourvus ou non de leur rection verbale, dans une large palette de constructions et de schémas narratifs privilégiés, pour en faire le thème d'une proposition comme reprise économique d'un procès antérieur, mais aussi cataphoriquement dans des énoncés sentencieux ou définitoires, certains auteurs en faisant par ailleurs un des éléments de leur style. Si, en moyen français, des restrictions tendent à limiter syntaxiquement la substantivation des infinitifs, il en est encore fait un usage assez large, consigné dans la grille qui leur est appliquée, certains auteurs en faisant des mots-clés de leur esthétique. La substantivation de l'infinitif n'est pas moins vivace à la Renaissance, sous l'influence italienne en particulier, dans la mouvance de la Pléiade, et dans la pratique de la traduction, des auteurs en faisant un usage tout à fait remarquable, tel Montaigne. La période classique, confirmant la tendance à la catégorisation morphologique qui écarte le français d'autres langues romanes, marque un coup d'arrêt au phénomène, la rection verbale de l'infinitif substantivé étant alors quasiment exclue. Si l'emploi se raréfie au cours des deux siècles suivants, une reviviscence de l'infinitif substantivé est engagée depuis le début du XXe siècle : il devient un outil majeur de la langue philosophique...