LE NAIN DE TILLEMONT ET L HISTORIOGRAPHIE DE ANTIQUITE ROMAINE

---

La critique historique n'est pas née au XIXe siècle, mais au siècle de Louis XIV. Si l'on y connaît les noms justement célèbres des bénédictins Mabillon et Montfaucon, fondateurs de la diplomatique latine et de la paléographie grecque, on ne doit point ignorer l'œuvre d'érudition critique de ce modeste prêtre janséniste que fut Sébastien Le Nain de Tillemont (1637-1698). Les 21 volumes de ses deux ouvrages majeurs, Histoire des empereurs et Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, ont jeté les bases, encore solides, de cette critique rationnelle des sources sans laquelle les siècles ultérieurs ne sauraient plus concevoir de science historique digne de ce nom. D'où l'intérêt du présent colloque, qui en novembre 1998 a célébré à la Fondation Singer-Polignac le troisième centenaire de sa disparition. Le nom de ce savant a été donné par Henri Marrou, au milieu du siècle dernier, à un Centre de recherches destiné à l'étude de l'Antiquité tardive et du christianisme ancien; fondé par la Sorbonne et le Centre National de la Recherche Scientifique, il est encore bien vivant à ce jour. Derrière la personnalité de Tillemont, étaient en jeu les origines de l'historiographie moderne de l'Antiquité païenne et chrétienne. Ce fut donc, pour des patristiciens et des francisants, l'occasion de "revisiter" son œuvre et sa pensée de divers points de vue, complémentaires: ses relations personnelles avec les bénédictins mauristes, son œuvre et sa méthode, ses idées politiques et religieuses, sa vision des faits et des personnages majeurs des premiers siècles chrétiens, enfin sa "réception" par les historiens européens des siècles suivants. Une telle "critique de la critique" a confirmé la solidité de bien des acquis de Lenain, et accru notre dette de reconnaissance envers ce "père fondateur" de nos disciplines historiques et littéraires.

Date de disponibilité :

Tweet Partager Google+ Pinterest