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MORALISTES FRANCAIS ET LA POLITIQUE A LA FIN DU XVIIIE SIECLE
Le prince de ligne, Sénac de Meilhan, Chamfort, Rivarol, Joubert, Hérault-Séchelles devant la mort d'un genre et la naissance d'un monde
LE MEUR CYRIL
La littérature moraliste n'a été prise au sérieux qu'à partir des années soixante, quand, en Allemagne, en Italie, puis en France, on se mit à en explorer les frontières et la typologie. Depuis lors, le projet moraliste a été surtout interrogé dans ses sources, dans ses moments inauguraux et dans sa fortune. Le présent ouvrage l'envisage dans son crépuscule. La Rochefoucauld invente, avec la maxime classique, un regard et une parole radicalement neufs et irréductibles. Les moralistes français thématisent sous formes brèves une relation critique entre la société de cour et la société civile telles qu'elles évoluent de Louis XIV à Louis XVI. Leur écriture parfaitement académique enregistre les tensions et l'accélération des crises jusqu'à la Révolution. Façonnés par l'activité de description et de juridiction des mœurs dans le cadre de sociétés choisies, la maxime, l'anecdote, le portrait s'enflent, se travaillent, mais ne parviennent pas à s'agrandir à l'échelle de la Nation; ils se déchirent à vouloir saisir les remous insurrectionnels et le fait populaire avec des pinces de cristal. On lit, dès lors, dans le regard moraliste soumis au vertige, la réclamation d'un nouveau sol, à partir duquel s'élèverait une parole transfigurée, enfin digne d'énoncer les Institutions de l'humanité rassemblée. La ruine de ce fol espoir réduit le projet moraliste au silence, un silence qui obsédera l'écriture littéraire et juridique de l'ère industrielle.