LA BIOGRAPHIE, MODES ET METHODES

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La biographie a mauvaise presse. Elle jouit pourtant d'une faveur incontestable auprès du public, et ceci depuis les Vies des hommes illustres du Béotien Plutarque (vers 46-120). Que lui reproche-t-on? L'importance qu'elle accorde à l'individu dans une histoire déterminée par les forces collectives (Marx), les préjugés métaphysiques qu'elle nourrit sur la nature humaine (Sartre), la psychologie sommaire ignorant l'analyse des profondeurs (Freud), l'énumération complaisante de faits transmis par le hasard alors qu'en histoire "seul le tout est vrai" (Hegel), la prédilection pour l'anecdote et le détail indiscret, la confusion entre le moi de tous les jours et cet "autre moi", celui du créateur, le seul vrai (Proust). Ainsi, la biographie serait aussi trompeuse que la photographie qui procure également l'illusion d'une réalité et d'une vérité insaisissables.
Toutes ces récriminations n'ont pas eu raison d'un genre aussi mal défini que le roman (avec lequel il a de plus en plus tendance à se confondre). Portée par un succès grandissant, la biographie est un genre qui ne peut laisser indifférent. "Quel réconfort inexprimable éprouvons-nous - disait Carlyle - à connaître notre semblable; à voir en lui, à comprendre ses progrès, à déchiffrer tout le cœur de son mystère: mieux, non seulement à voir de son point de vue, à regarder le monde tout à fait comme il le regarde." C'est pour répondre à quelques-unes de ces interrogations que le deuxième colloque international Guy de Pourtalès, tenu à l'Université de Bâle, a été consacré à la biographie, ses modes et méthodes. Espérons que ces Actes aideront à transformer les discussions fructueuses entre les chercheurs de différentes générations et de différents pays en un entretien infini.

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