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LETTRES A MICHEL LEIRIS
Introduction et notes de Christine Van Rogger Andreucci
JACOB MAX
"Le premier poète moderne dont j'avais fait la connaissance [...] m'avait maintes fois découragé, m'engageant à continuer bourgeoise-ment mes études sans prétendre à autre chose qu'être un 'honnête homme' ou, tout au plus, un 'amateur distingué'. Je me morfondais sous ce jugement qui me semblait sans appel...". Bilan amer de Leiris dans L'Age d'homme, que l'on comprendra mieux en lisant cette correspon-dance, car Jacob, retiré dans le Loiret, adopte une posture de dévot, visant plus à convertir Leiris qu'à l'émanciper. Pourtant le jeune surréaliste n'a jamais caché sa dette à l'égard du poète de Saint-Benoît-sur-Loire. A travers plus de soixante lettres écrites entre 1921 et 1943 se dévoile la complexité de la relation. Et ce n'est pas sans curiosité que l'on découvre, par ricochet en quelque sorte, l'état intérieur du jeune Leiris alors même qu'il n'écrit pas encore: la correspondance que nous offrons au public ici concerne pour l'essentiel les années 1921-1923, et constitue un document supplémentaire sur la préhistoire de l'écrivain, sur laquelle on possédait essentiellement le témoignage fragmentaire de l'autobiographie. Si Max Jacob a été primordial pour Leiris, c'est aussi par son rôle d'intermédiaire, lui présentant les jeunes artistes qui allaient devenir les amis essentiels. Durant l'automne 1922, à partir des rencontres de Saint-Benoît, se constitue le groupe de la rue Blomet, où se trouve l'atelier d'André Masson, moins connu, moins souvent évoqué dans l'histoire du surréalisme que celui de la rue Fontaine avec Breton, ou de la rue du Château avec Queneau, bien qu'il en fût l'un des importants viviers. Leçon de morale et leçon de poésie, on trouvera ici aussi la reconstitution d'une époque à l'aube des combats surréalistes.