L'AUTOPSIE ET LE THEOREME

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A la charnière du XVIe et du XVIIe siècles, les poètes catholiques de l'Europe post-tridentine sont à la tête d'un vaste mouvement de conversion spirituelle des lecteurs profanes, dont les Théorèmes sur le Sacré Mystère de notre Rédemption constituent en France une des plus belles expressions. Jean de La Ceppède appartient à cet "avant fastueux" qui entend définitivement réconcilier littérature et spiritualité. Avec lui l'exercice spirituel en chambre close devient un pèlerinage typographique et la méditation un exercice de rumination verbale. Cette étude se propose de contempler la contemplation, d'autopsier le théorème. L'écriture de la méditation peut en effet donner accès à une forme de représentation organique du texte, bien connue de la culture rhétorique de tradition quintilienne. Le texte poétique y est censé avoir conservé les qualités consubstantielles du corps qui l'a proféré. Il faut donc pouvoir déterminer quelles sont les règles de l'élocution contemplative. Ayant renoncé à risquer son être dans la méditation chrétienne, La Ceppède offre au texte poétique de la réaliser avec ses moyens propres. Il substitue au corps-écritoire du mystique, le texte du poème dévot, qui s'incarne et qui saigne, qui fait l'expérience de la méditation spirituelle jusqu'à s'identifier au corps du Christ. Le théorème n'est pas un poème inspiré, un corps sans âme recèlant quelque chose de l'expérience du poète, mais un corps animé, un poème-méditant qui invite à la vie chrétienne.

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