UN SUPPLÉMENT A L'ENCYCLOPÉDIE : "LE MONDE PRIMITIF" D'ANTOINE COURT DE GÉBELIN,

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Antoine Court de Gébelin (1725-1784) a eu une audience considérable dans les années qui ont précédé la Révolution française. Militant de la cause protestante, il lutta, en même temps que Voltaire (et parfois contre lui), en faveur de la tolérance religieuse; économiste physiocrate, il est aussi un franc-maçon de premier plan et le fondateur du Musée de Paris ; mesmériste enfin, il offre l'image d'un homme qui, tout en étant en marge des Lumières, permet d'en mieux saisir les contours. Ce livre montre comment son œuvre monumentale, le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne (1773-1784), promettait d'éclairer ce que l'Encyclopédie avait laissé dans l'ombre, pour dépasser les limites du connaissable. A travers l'étude des langues, des images et des mythes, Court de Gébelin aborde les interrogations majeures du temps: l'origine du langage, de la religion et des sociétés civiles, l'histoire des premiers temps et la construction de la société future idéale. L'allégorie est vue comme la clef de tous les mystères. Cette théorie fondatrice est énoncée dans le "Génie allégorique et symbolique des Anciens", fragment du premier volume, dont on trouvera dans ce livre une édition annotée. Le progrès passe par une archéologie et une reconstruction : rendre à l'humanité le langage de ses origines doit la conduire à la prospérité et au bonheur par l'harmonie universelle. Nourri de la pensée de Locke et de Vico, le Monde primitif annonce le futur. Il pose les fondements d'une esthétique nouvelle et prépare les idéologies du siècle suivant. Il inaugure ou pressent ce qui sera la philologie comparée et l'anthropologie tout en ébauchant une théorie économique et de la société fondée sur une poétique du langage.

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