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LE LEVITE D'EPHRAIM.
Edition critique par Frédéric S. Eigeldinger.
ROUSSEAU JEAN-JACQUES
Composé en partie sur le chemin de l'exil en juin 1762, Le Lévite d'Éphraïm appartient à ces "minora" de Rousseau écrits entre l'Émile et Les Confessions. C'est dire qu'il a été bien négligé. Or Jean-Jacques assure que "le Lévite d'Éphraïm, s'il n'est pas le meilleur de mes ouvrages, en sera toujours le plus chéri". Désarmée par cette déclaration et déçue par la réalisation, la critique s'est donc attachée avant tout à expliquer ce "poème en prose" par rapport aux circonstances de rédaction et aux enjeux autobiographiques qu'il peut receler. Mais c'est ignorer en fait la valeur morale exemplaire que Rousseau attribuait à cet écrit. Ne songeait-il pas à le publier entre Émile et Sophie et les Lettres à Sara, deux textes fondés sur la thématique du conflit entre la nécessité et le devoir? Il y a donc une autre voie que celle de la perspective biographique pour expliquer Le Lévite d'Éphraïm, celle d'un auteur qui veut mettre ses rêves théoriques à l'épreuve du vécu, qui veut concilier la "dure nécessité" avec l'exercice de la vertu, et qui demeure toujours convaincu existentiellement du triomphe de celle-ci, comme s'il y était condamné par la "nécessité" de cohérence entre la vie et la pensée.