VARIETE ET VICISSITUDES DU GENRE EPIQUE DE RONSARD A VOLTAIRE.

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Ce que l'on sait de l'épopée des XVIe et XVIIe siècles, que personne ne lit plus, se réduit en général à quelques lieux communs. Il est d'usage de jeter l'anathème sur ces "poèmes héroïques", confondus dans un même ensemble, et compromis par la triste réputation de quelques oeuvre du milieu du XVIIe siècle. Ainsi La Pucelle de Chapelain, le Clovis de Desmarets, le Saint Louis de Le Moyne, etc., sont illisibles, en effet, pompeux et ennuyeux, de vrais "dinosaures". La comparaison avec la Jérusalem du Tasse, les Lusiades de Camoens, ou Le Paradis perdu de Milton semble justifier le mot célèbre de Malézieu: "Les Français n'ont pas la tête épique". Sans vouloir réhabiliter ce qui ne pourrait l'être, l'auteur (professeur de littérature française à l'Université de Budapest), rectifie quelques préjugés à cet égard. Le nombre impressionnant (trois cent quatre-vingt-quatorze poèmes) des oeuvre médiocres ou pires, n'est pas propre à la seule littérature française. Celle-ci peut se glorifier en revanche des chefs-d'oeuvrenés dans l'élan des débuts, les deux Sepmaines et La Judit de Du Bartas, La Franciade de Ronsard, et Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné. Ce n'est pas peu dans ce genre de longue haleine, et dépasse même la moyenne atteinte par les autres nations. L'épopée ne subit un naufrage qu'au XVIIe siècle, quand elle devient un exercice savant et artificiel. Les poétiques, traités et autres écrits expliquent en partie l'échec de ce produit de laboratoire. Une doctrine rigoureuse et surcodifiée, qui n'existe qu'en France, exige la réalisation du modèle virgilien, et elle condamne l'influence du poème romanesque des Italiens. C'est condamner d'emblée toute la littérature épique du XVIIe siècle, qui consiste, pratiquement sans exception, dans l'assemblage maladroit de l'un et de l'autre. L'histoire, et en particulier l'histoire des mentalités, éclaire une autre raison de la faillite. L'épopée des temps modernes,oeuvre baroque par excellence, supposerait une mentalité féodale et collectiviste; elle devient nécessairement i

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