LE SAINT FICTIF. L'HAGIOGRAPHIE MEDIEVALE DANS LA LITTERATURE CONTEMPORAINE.

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Au sein d'une culture qui ne relève plus de la res christiana du Moyen Âge, l'hagiographie médiévale constitue dans la littérature des XIXe et XXe siècles un riche réseau intertextuel. Sa présence dans l'univers romanesque, par l'entremise de saints historiques ou fictifs, reflète la condition humaine et la spiritualité contemporaines et contribue à la mémoire du passé sans verser dans la nostalgie ou l'apologie. Au contraire, ces vies de saints ne sont jamais simplement recopiées, mais toujours réécrites ou réactualisées, voire critiquées et même désacralisées, témoin les œuvres d'Anouilh, D'Annunzio, de Barbey d'Aurevilly, de Bernanos, de Bobin, de Camus, de Cioran, de Curtis, de Flaubert, de France, de Genet, de Gide, de Green, de Greene, de Klossowski, de Kundera, de Maeterlinck, de Monteilhet et de Zola. En fait, la représentation littéraire contemporaine de la sainteté est marquée par sa subjectivité et son attitude très critique des choix et des omissions de l'institution de l'Église ainsi que sa revendication de la place du corps plutôt que sa négation dans l'idéal de la sainteté, allant même jusqu'aux saints de la dépravation. Il y a également une nouvelle forme du merveilleux. Aussi, les nouveaux modèles de sainteté ne sont plus les thaumaturges à auréole, mais des figures obscures, parfois même transgressives, toutes tournées vers les autres. Enfin, le passage de la sainteté chrétienne à la sainteté laïque de l'humanisme existentialiste athée implique une définition anthropocentrique plutôt que théocentrique de la sainteté.

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