LE COMPÈRE MATHIEU OU LES BIGARRURES DE LESPRIT HUMAIN
Édition critique établie par Didier Gambert
DULAURENS HENRI-JOSEPH
Paru in extremis en décembre 1765, peu avant l’arrestation de son auteur, Le Compère Mathieu ou les Bigarrures de l’esprit humain est l’ouvrage le plus célèbre de Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793). Preuve de son succès lors de sa parution et dans les décennies qui ont suivi, notamment pendant la période révolutionnaire, il a été réédité plus de soixante-dix fois jusqu’en 1851, date à laquelle une condamnation de justice le voue à l’opprobre puis à l’oubli. Il a également été traduit dans plusieurs langues européennes. Avec ce roman, Dulaurens couronne une carrière littéraire brève et fulgurante (1761- 1765), au cours de laquelle il a dû fuir en permanence la conjuration des différents pouvoirs déchaînés contre lui : Amsterdam, Liège, Francfort constituent autant d’étapes dans sa volonté de dénoncer les abus et les injustices. Émule de Voltaire dont il admirait Candide, Dulaurens a publié avec Le Compère Mathieu un ouvrage dont on découvre la foisonnante richesse : nourri de la philosophie de tout un siècle, ce roman composite et bigarré ne recule ni devant l’outrance ni devant la bouffonnerie pour affirmer la liberté de penser à laquelle son auteur est attaché, à la suite de Collins, Bayle, Voltaire, Boyer d’Argens, qui constituent pour lui des références majeures. C’est tout naturellement que Le Compère Mathieu s’impose comme un des grands textes de l’époque des Lumières.