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LA BRUYERE. TOME 2 (ET DERNIER): RHETORIQUE DU DISCONTINU.
ESCOLA MARC
Rhétorique de La Bruyère: ce deuxième essai sur Les Caractères fait l'hypothèse que les énoncés d'un texte discontinu requièrent une interprétation qui se fonde sur leur discontinuité même. Le "mouvement" de l'œuvre, dans ses neuf éditions successives, invite à considérer les additions comme une caractéristique de la composition, et permet d'appréhender à partir d'elles les différents niveaux où se décide la cohérence textuelle: l'alinéa, la remarque, la série, le chapitre. Une méthode de lecture peut être ainsi élaborée qui autorise en retour une définition du discours discontinu. En faisant l'économie du métalangage explicite de la dispositio, cette rhétorique du discontinu conditionne le lecteur à produire effets de contexte et effets de série, cohérences locales et séries de séries, mais l'amène aussi bien à éprouver l'instabilité du jugement. Ainsi se donne peut-être à comprendre l'accointance du discours moral avec cette nouvelle rhétorique ; la "rencontre" n'est pas seulement historique, que consacre dès le tout début du XVIIIe siècle l'institution d'un corpus des "moralistes classiques", mais pragmatique : la discontinuité du discours autorise l'émancipation d'une instance d'énonciation qui cherche à s'affranchir des déterminations sociales et idéologiques, pour parvenir en retour à confronter son lecteur à l'instabilité d'une interprétation éthique des comportements. Le discours des "moralistes classiques" peut donc se définir non pas tant par un corps doctrinal commun, que comme le lieu d'une mise en scène de la question herméneutique elle-même. Et c'est peut-être pourquoi les textes des "moralistes" peuvent être reçus comme "littéraires".